~ Ancenis - Saint-Géréon & le Pays d'Ancenis ~

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11 - Les Barons d'Ancenis -

Selon les sources les plus fiables, la maison d’Ancenis serait issue de celle de Sérent, ou de celle de Penthièvre, mais rien n’est certifié.

La baronnie d’Ancenis est formée des châtellenies de Belligné, Varades, Teillé, la Benaste en Riaillé & de la prévôté d’Ancenis, avec droit de présidence de la noblesse aux États de Bretagne. Certaines paroisses de Riaillé, Pannecé, Teillé, Mouzeil, Trans, Pouillé, Les Touches & Ligné, ont des fiefs qui relèvent d’Ancenis. La terre d’Ancenis, bien que possédée par des ducs et des marquis, n’a jamais été qu’une baronnie, comme le prouve le dernier hommage rendu au roi de France le 17 mai 1680 par le duc de Charost, l’acte étant passé pour la baronnie, comme pour les hommages précédents, d’ailleurs.

Alfred I° est le 1° seigneur d’Ancenis, aux environs de l’an 1000 ; il porte le titre de prince.

Alfred II, son fils, marié à Origone, lui succède autour de 1050, puis leur fils, Guihenoc. Vers l’an 1100, son fils Maurice d’Ancenis, lui succède, et de 1127 à 1132 Guihenoc II son fils, qui épouse Mabille.

Geoffroy I°, leur fils, épouse Marguerite de Bient de Varades, dont elle recueille la succession pour en faire don à l’Abbaye cistercienne de Melleray fondée en 1132, l’église de Varades ayant été donnée par le seigneur de Varades à l’Abbaye de Marmoutier (face à Tours), abbaye bénédictine fondée à la fin du IV° siècle par Saint-Martin-de-Tours.

Guihenoc III, leur fils, lui succède aux envions de 1177 ; il épouse Mahault, puis Mathilde. Il "prit la croix et alla en terre sainte" en 1177 ou 1178 ; Geoffroy II remplace son père vers 1202-1227 et épouse Marquisie.

En 1214, Jean-sans-Terre s’empare du château d’Ancenis et la généalogie devient plus diffuse de Geoffroy III à Geoffroy VI : Geoffroy III aurait accompagné Pierre Mauclerc en Syrie de 1238 à 1240, prenant part aux conférences qui ont lieu avec Saint-Louis sous les murs d’Ancenis en 1250 et au traité avec le roi de France qui y fait suite. Geoffroy IV, surnommé "le bon Baron" occupe la baronnie en 1275 puis Geoffroy V lui succède de 1290 à 1315. C'est lui qui fonde l’hôpital d’Ancenis en 1296. Geoffroy VI, qui lui succède de 1315 (?) à 1351, épouse Blanche d’Avaugour.

Jeanne 1° d’Ancenis, leur fille, épouse en premières noces, Thébaud (ou Guillaume) de Rochefort. Leur fille Jeanne II épouse en secondes noces, le 16 février 1374, Jean II de Rieux, maréchal de France ; elle meurt le 3 mai 1423.

Jean III, sire de Rieux & de Rochefort, baron d’Ancenis, né à Ancenis le 16 juin 1377, épouse, en seconde alliance en 1414, Jeanne d’Harcourt, seconde fille de Jean VII, comte d’Harcout & d’Aumale et de Marie d’Alençon ; le commandement de l’armée du duc de Bretagne lui est confié, pour lutter contre les Penthièvre auxquels il enlève plusieurs places avant d'entrer au service du roi de France. Il figure le 28 novembre 1418 comme témoin dans l’acte de mariage passé entre Gilles, sire de Retz, et Béatrix de Rohan.

À sa mort, sa veuve, Jeanne d’Harcourt, obtient pour douaire la jouissance de la baronnie d’Ancenis ; elle se remarie en 1434 avec Bertrand de Dinan, baron de Châteaubriant, maréchal de Bretagne ; elle fonde, après la mort de son second mari, le couvent de Cordeliers d’Ancenis dans l’église duquel elle est enterrée à son décès le 3 mars 1456.

Leurs fils, François, sire de Rieux & de Rochefort, comte d’Harcourt, vicomte de Bretagne, baron d’Ancenis, né le 11 août 1418, épouse Jeanne de Rohan, sœur aînée de Marguerite de Rohan, mariée à Jean, comte d’Angoulême, et donne le jour à Charles d’Angoulême et à Marguerite de France, le premier, père de François I°, la seconde, mère de Jeanne d’Albret, mère d’Henri IV. Il règne du 8 janvier 1454 au 20 novembre 1458 ; il se distingue à la tête de l’armée de Bretagne contre les troupes anglaises ; au traité de Rennes du 17 juin 1449, il est de ceux qui jurent l’alliance du duc de Bretagne avec le roi de France Charles VII contre le roi d’Angleterre. Il meurt le 20 novembre 1458 et sa veuve, désignée comme tutrice de ses enfants, reçoit en douaire la baronnie d’Ancenis.

Leur fils, Jean IV, est né le 27 juin 1447 ; sous son règne, du 20 novembre 1458 au 9 février 1518, la baronnie d’Ancenis atteint son plus grand éclat. Il se ligue contre François II, duc de Bretagne, aux côtés de Charles VIII, en 1484, puis assiste le duc contre le roi de France en 1488 pour sauver la ville de Dinan. Le 8 septembre 1488, le duc de Bretagne le nomme tuteur d’Anne, sa fille, qui devient duchesse de Bretagne. Maréchal de France, c’est par son entremise qu'est conclu – en urgence - le mariage d’Anne de Bretagne avec Charles VIII, le 6 décembre 1491, au château de Langeais, mariage validé après coup le 15 février 1492 par le pape Innocent VIII.

Claude 1°, sire de Rieux & de Rochefort, comte d’Harcourt & d’Aumale, baron d’Ancenis, règne sur la baronnie du 9 janvier 1518 au 8 mai 1532 ; il suit François I° dans ses guerres d’Italie et de Milan, et contre les Suisses ; exerçant la charge de maréchal lors de la bataille de Pavie, il est retenu prisonnier à Madrid avec François I° ; c'est également l’un des otages laissé à l’empereur Charles Quint pour la délivrance de François I°. Par l’entremise de ce dernier il épouse Catherine de Laval puis, le 29 novembre 1529, Suzanne de Bourbon, fille de Louis de Bourbon, prince de la Roche-sur-Yon, et de Louise de Bourbon-Montpensier.

Claude II, leur fils lui succède du 8 mai 1532 au 26 avril 1548 ; il paraît à la cour des rois François I° & Henri II et meurt sans alliance le 26 avril 1548.

Lui succède Louise de Rieux, dame d’Ancenis, comtesse d’Harcourt, sa sœur germaine, issue du mariage de Claude I° & de Suzanne de Bourbon, qui épouse René de Lorraine, marquis d’Elbeuf, fils cadet du duc de Guise.

Leur fils, Charles de Lorraine, marquis puis duc d’Elbeuf, comte d’Harcourt, lui succède de 1569 à 1598 ; il représente le Grand Maître de France (chef & surintendant général de la maison du roi) au sacre d’Henri III à Reims en 1575. En raison de sa nature dissipée, les membres de sa famille le font enfermer au château de Loches jusqu’en 1591 ; il meurt en 1605 après avoir vendu sa baronnie en 1598 au duc de Mercœur pour 200 000 écus.

Philippe-Emmanuel de Lorraine, duc de Mercœur, fils de Nicolas de Lorraine & de Jeanne de Savoie, épouse l’intelligente et ambitieuse Marie de Luxembourg, duchesse d’Etampes & de Penthièvre, vicomtesse de Martigues ; le duc de Mercœur reçoit du roi Henri III le gouvernement de la Bretagne et devient le chef de la ligue en ce pays ; c’est ainsi qu’il achète la baronnie d’Ancenis aux mains du duc d’Elbeuf, son parent. C’est le projet de mariage de Françoise de Lorraine, fille unique de Mercœur, avec César de Vendôme, fils naturel d’Henri IV & de Gabrielle d’Estrées, qui met fin à la guerre entre Henri IV et le duc de Mercœur, en 1598, César recevant alors du roi de France le gouvernement de la Bretagne, le duc de Mercœur étant largement indemnisé par le roi de la perte de ce gouvernement de Bretagne. Après la mort de son mari, la duchesse de Mercœur conserve la baronnie d’Ancenis du 19 février 1602 au 6 septembre 1625 ; en mars 1606, elle obtient du roi Henri IV des lettres patentes établissant à Ancenis une foire annuelle et un marché hebdomadaire.

À la mort de son beau-père et de sa belle-mère, César, duc de Vendôme, d’Etampes, de Mercœur, de Beaufort & de Penthièvre, pair de France, devient le maître de la seigneurie d’Ancenis. Le besoin d’argent le pousse à vendre les pans de ses biens à réméré {instrument juridique de crédit qui permet à un propriétaire de se procurer les fonds dont il a besoin par la vente du bien, qu'il peut continuer à occuper, tout en conservant l'espoir d'en recouvrer un jour la propriété}. Après sa mort, par arrêt du Conseil d’État du 27 juillet 1675, le roi fait mettre ses biens sous séquestre pour être vendus afin de rémunérer ses créanciers et c’est Mgr Gabriel de Boilève, évêque d’Avranches, fils d’un conseiller au Parlement de Bretagne, qui acquiert la baronnie d'Ancenis le 18 mai 1657, pour la céder le 13 mars 1660 à Armand de Béthune, chevalier & marquis de Charost, et à Marie Fouquet, fille du surintendant des finances, son épouse. La maison de Béthune remonte au début du XI° siècle et le premier membre de la branche de Charost est Louis de Béthune, filleul de Louis XIII & d’Élisabeth de France, devenue reine d’Espagne, oncle de Sully et père du premier baron d’Ancenis sous ce nom.

Le 22 octobre 1680, la baronnie d’Ancenis revient à Armand de Béthune II, leur fils, duc de Charost et pair de France, né en 1463, qui épouse Louise-Marie-Thérèse de Melun, sa cousine germaine. Il est nommé capitaine des Gardes en août 1711, gouverneur du roi Louis XV le 13 août 1722 puis chef du conseil royal des finances en 1730. Le 29 mai 1709, il vend la terre et la seigneurie d’Ancenis à son fils, Paul-François de Béthune, colonel d’un régiment qui sert en Flandres en 1708, et qui recueille la charge de capitaine des Gardes du corps à la mort de son père en novembre 1715, avant d'être fait maréchal de camp des armées de sa Majesté le 1° février 1725, puis nommé lieutenant-général des armées le 1° août 1734. Il préside, pour la noblesse, les États de Bretagne à Ancenis le 17 décembre 1724. Le 27 février 1720, il ajoute à la terre d’Ancenis la seigneurie de Grée. En sa qualité de capitaine des Gardes, il arrête en 1718 la duchesse du Maine dans sa maison de la rue Saint-Honoré à Paris, en révolte avec la Cour au cours de la conspiration de Cellamare (il s’agissait de transmettre la régence à Philippe V).

Par donation de son père, François-Joseph de Béthune, dit le "Marquis d’Ancenis", duc de Charost, reçoit la baronnie d’Ancenis le 1° mars 1737 ; il épouse Marthe-Élisabeth de la Rochefoucauld de Roye, dame du palais de la Reine, et meurt à Fontainebleau le 26 octobre 1739.

Armand-Joseph de Béthune, duc de Charost, fils des précédents, devient alors baron d’Ancenis du 26 octobre 1739 au 27 octobre 1800, sa veuve lui succédant jusqu’au 11 mars 1837. Entré par goût dans la carrière militaire, mousquetaire en 1754, lieutenant–général pour Sa Majesté, colonel du corps des Grenadiers de France, brigadier des armées de Sa Majesté le 4 novembre 1766, maréchal de ses camps et armées le 3 janvier 1770, il se distingue par sa bravoure et sa présence d’esprit, notamment au siège de Munster, et obtient la sympathie de tous ceux qui le côtoient. Arrêté pendant la Terreur, il est sauvé lors le 9 thermidor (26 juillet 1794, chute de Robespierre), les certificats délivrés pour lui par les comités révolutionnaires l’appelant le "Père de l’Humanité souffrante" et "l’Homme bienfaisant". Il est nommé maire du X° arrondissement de Paris en 1799 mais succombe à la petite vérole, le 27 octobre 1800, après avoir été contaminé au cours d’une visite de l’institution des sourds-muets, dont il est l’un des administrateurs...

Ayant épousé en secondes noces et institué comme légataire universelle Henriette-Adélaïde-Joséphine du Bouchet de Sourches de Tourzel, celle-ci, à son décès à Paris le 11 mars 1857, lègue par testament olographe {acte sous seing privé} sa terre d’Ancenis à son neveu, le duc de Tourzel.

Olivier-Henri de Bouchet de Sourches, duc de Tourzel, fils du frère de la duchesse de Charost, après sa campagne d’Afrique, épouse la fille du duc de Crussol et meurt sans héritiers directs le 13 juillet 1845 ; le 9 août 1847 la terre d’Ancenis, en vertu du testament de la duchesse de Charost, échoit alors à 3 des enfants du duc de Lorge & de son épouse, Mme de Bouchet de Sourches de Tourzel. Le duc de Lorge, riche, modeste, intelligent et affable, administre au nom de ses enfants la terre d’Ancenis, prenant part au soulagement des infortunes locales, cédant gratuitement la jouissance du château d’Ancenis aux religieuses de Chavagnes pour la création d’un pensionnat de demoiselles, avant qu'elles ne l'achètent le 19 décembre 1859.

Comme toutes les seigneuries de France, la baronnie d’Ancenis tombe sous le coup du décret de l’Assemblée nationale des 15-28 mars 1790 abolissant le régime féodal ; mais la famille de Charost n’ayant pas quitté la France pendant la tourmente révolutionnaire, la terre d’Ancenis lui est conservée par M. des Airauds qui, après avoir été le dernier procureur fiscal de la baronnie, emploie son influence de commissaire du directoire exécutif d'Ancenis sous la République, à protéger les biens de son ancien seigneur, continuant à habiter le château ; c'est grâce à l’honorable popularité de ce fonctionnaire et au prestige des vertus du duc de Charost, que la terre d’Ancenis est conservée à ses maîtres.

D'une manière synthétique, la baronnie d'Ancenis, ancienne baronnie de Bretagne, est occupée successivement par :

- de ca. 1000 à ca. 1347, les Seigneurs d'Ancenis,

- la Famille de Rochefort, de ca. 1347 à 1431,

- la Maison de Rieux, de 1431 à ca. 1570,

- la Maison d'Elbœuf, de ca. 1570 à ca. 1590,

- la Maison de Mercœr, de ca. 1590 à 1609,

- la Maison de Vendôme, de 1609 à ca. 1660,

- la Maison de Béthune, branche de Charost, de ca. 1660 jusqu'à la fin de la Révolution,

- la Famille Durfort-Civrac qui la cède aux religieuses de Chavagnes en 1859,

- la Ville d'Ancenis depuis 1986.



15/02/2017