~ Ancenis - Saint-Géréon & le Pays d'Ancenis ~

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22 - Le Centre-Ville -

Le Château d'Ancenis est édifié vers 984, probablement sur le site d'une motte castrale {fortification de terre de forme circulaire comportant au sommet d'un fortin de défense en bois}, à l'initiative d'Aremberge, épouse du comte-évêque Guérech de Nantes, pour défendre le comté nantais contre celui d'Anjou. Le château actuel, l'un des châteaux de défense des Marches de Bretagne {ancienne zone frontalière entre la Bretagne et la France}, est exposé entre le XII° & le XVI° siècle aux multiples sièges entrepris par Henri II Plantagenêt, Jean-Sans-Terre, Saint-Louis, Charles de Blois, Louis XI, le duc de Bretagne François II, Louis de la Trémoille sur ordre de Charles VIII ; il est d'ailleurs pris d'assaut en 1174 par Henri II Plantagenêt qui en fait alors consolider les défenses. Le châtelet d’entrée, édifié à la fin du XIV° siècle, voit son système défensif modernisé à la fin du XV° par l'adjonction d'une couronne de mâchicoulis, afin de battre le pied de la muraille par un tir fichant, d'un crénelage et de canonnières formant une ligne sommitale mais qui, du fait des progrès des armements offensifs, ne conserve qu'un rôle esthétique et symbolique. Il est également ceint d'un bastion datant du XV° siècle.

Vers 1488, à la fin de la guerre opposant la Bretagne à la France, Charles VIII en ordonne la destruction, Anne de Bretagne, alors en conflit avec son tuteur, le maréchal Jean IV de Rieux, souhaitant aussi démolir ce qui en restait ; mais soudain réconciliée avec ce dernier, elle lui accorde les fonds nécessaires à la reconstruction de son château, qui est ainsi réaménagé afin de le rendre plus résistant aux assauts d'artillerie ; à cette recherche sur l'aspect défensif, se mêle un esprit d'apparat, les tours étant surmontées d'un couronnement de tuffeau et le hall d'entrée couvert de voûtes d'ogives ornées d'écusson et d'animaux sculptés. Enfin, il convient de souligner que ce château présente un dispositif défensif particulier : le pont-levis, fermé d'une herse, donne accès à une étroite galerie couverte, disposée en chicane.

Sa cour intérieure, sur laquelle s'ouvre cette entrée militaire monumentale, offre l'aspect le plus amène d'un second château des temps nouveaux, d'un type inédit, conçu pour être un lieu de villégiature avec un palais-résidence de la Renaissance, orné et agrémenté de motifs décoratifs "antiquisants" importés d'Italie ; ce programme résidentiel est initié en 1530 par Claude I° de Rieux & Suzanne de Bourbon, son épouse ; la façade, côté cour, à architecture étonnamment raffinée, offre un décor de la première Renaissance, avec ses fenêtres réparties suivant une disposition symétrique, caractéristique de la Renaissance, tandis que la structure du logis reste gothique. Sa gracieuse échauguette, tourelle d'angle en encorbellement {ou en console, i.e. ne reposant pas au sol} est un souvenir purement ornemental du temps des châteaux-forts ; sous les moulures du cul-de-lampe de la console de cette tourelle est sculptée une salamandre {amphibien mais surtout animal mythique capable de vivre dans le feu et de l'éteindre}, emblème du roi François I°, ami du baron Claude I° de Rieux, compagnon de la défaite de Pavie (1525) où "tout fut perdu, fors l'honneur..." comme l'écrit alors François I° à sa mère, Louise de Savoie, seconde fois régente de France durant les campagnes d'Italie de son fils.

Après le siège d'Henri IV en 1599, l'édifice est acquis par le duc de Mercœur ; en 1603, une chapelle et un pavillon sont construits sur le donjon arasé, dans le prolongement du Logis Renaissance.

Le rôle militaire du château d’Ancenis s’amenuisant, il est démantelé en 1626 sur ordre de Richelieu, des pans de courtines et des tours étant défigurés ou disparaissant. Par la suite, les douves sont comblées pour la construction des quais, vers 1840 en 1850, le duc de Lorge met le château gratuitement à la disposition de la congrégation des Usrsulines de Jésus, de Chavagnes-en-Paillers, qui y installent un pensionnat de jeunes filles ; devenues propriétaires, elles agrandissent la propriété en rachetant des terrains situés dans les anciennes douve, au nord-ouest du grand logis, les comblent, font construire une nouvelle chapelle en 1865, un grand bâtiment scolaire à l'endroit des anciennes écuries le long de la cour en 1870-72, puis en 1887, le bâtiment de l'école primaire dans les anciennes douves comblées, un nouveau bâtiment étant construit vers 1960 au nord de la Grande Cour pour installer un "Centre féminin d'études rurales". Pour la construction du grand bâtiment scolaire de la Grande Cour, une partie du donjon est démolie à l'explosif en 1867-68, l'ancienne salle des ponts-levis étant alors éventrée. La chapelle du Sacré-Cœur, construite entre le Donjon et le Logis, devenue dangereuse, est démolie en 1992.

Classé Monument historique depuis 1977, il est acquis par la Ville d'Ancenis en 1986 qui adhère à l’association "Les Marches : Terres de Rencontres" chargée de porter le projet de classement des Marches de Bretagne au patrimoine mondial de l’UNESCO. Elle entreprend alors une série de travaux de rénovation et d'embellissement : démolition de la chapelle du XIX° siècle et du bâtiment scolaire des années 1860 puis restauration du châtelet d’entrée, restauration et restructuration du logis Renaissance, inauguré et ouvert au public le 19 septembre 2015 à l'occasion des "Journées du Patrimoine".

L'Hôtel de la Croix de Lorraine : c'est en cet endroit que durant la nuit du 30 août 1661, est hébergé le roi Louis XIV à la poursuite du surintendant aux finances Fouquet fuyant vers ses terres de Belle-Île-en-Mer pour échapper à la machination ourdie par Colbert, alors que sa fille Marie Fouquet, épouse du baron d'Ancenis Armand de Béthune Charost, occupe le château en face. Fouquet est arrêté par d'Artagnan le 5 septembre 1661.

La Ruelle des Trois Marchands, petite rue pittoresque dont les maisons riveraines portent de magnifiques échauguettes, doit probablement son nom au souvenir local de 3 marchands qui l'ont habitée et qui ont laissé après eux comme un nom d'enseigne.

Les Halles & les Marchés d'Ancenis : en mars 1606, la duchesse de Mercœur - baronne d’Ancenis du 19 février 1602 au 6 septembre 1625 - obtient du roi Henri IV des lettres patentes établissant à Ancenis une foire annuelle et un marché hebdomadaire. Au XVIII° siècle, aux termes de lettres patentes du 8 novembre 1740, Louis XV autorise la tenue de nouvelles foires : la foire aux porcs transférée le 1° jeudi de décembre, une foire au bétail le 1° jeudi de chaque mois, ainsi que 4 grandes foires annuelles à la Saint-André, à la Mi-Carême, à la Saint-Barnabé (11 juin) et le jour de Notre-Dame des Blés (2 juillet). Les marchés se tiennent alors dans diverses halles : entre la maison de l’Éperon et les douves, c’est la halle aux poissons ou "cohue", offrant poissons de Loire et morue salée, démolie lors de la construction du 1° pont, la halle de boucherie se tenant sur l’actuelle place Iéna, et la halle centrale et la halle aux grains, à l’emplacement des actuelles ex-halles rénovées et de la mairie, et les foires au bétail sur la Place du Champ de Foire.

Les entrepôts anceniens abritent et fournissent au négoce plusieurs types de marchandises :

- les vins, d’Anjou, de Loire & du Poitou, jusqu’au XVII° siècle, dont le prix est fixé par les courtiers (ou goûteurs), des négociants de Rennes venant s’y approvisionner en charrettes, les vins des coteaux d’Ancenis n'y prenant place qu'au XVIII° siècle ; ce marché des vins des bords de Loire est alors si réputé que Charles IX, en 1573, autorise la création de 4 Offices de courtiers-gourmets en vins sur le port d’Ancenis,

- les bois, pour la construction des charpentes de bateaux,

- les toiles de Laval,

- le tuffeau et l’ardoise,

- le charbon des mines de Mouzeil & de Montrelais,

- depuis le début du XVII° siècle, “la charrée”, cendre de bois employée pour la lessive et dont le résidu, riche en potasse, est utilisé pour l'amendement des sols et la fabrication de certaines qualités de verre.

Ces entrepôts cessent progressivement leur activité pour fermer vers 1850.

Rappelons qu'en ces temps-là à Ancenis, les corporations sont nombreuses, et notamment celles des :

- mariniers, dont le saint patron est Saint-Clément,

- charpentiers, dont le saint patron est Saint-Joseph,

- vignerons, dont le saint patron est Saint-Vincent,

- tisserands, dont le saint patron est Saint-Bonaventure,

- cordonniers, dont le saint patron est Saint-Crépin,

- forgerons dont le saint patron est Sainte-Barbe,

- boulangers, dont le saint patron est Saint-Honoré,

- jardiniers, dont le saint patron est Saint-Fiacre.

Pour avoir une représentation de l'activité économique locale, selon les statistiques les plus fiables, celles de 1897, pour une population agglomérée de 3 168 habitants, la ville compte alors 51 auberges et débit de vins, 8 bouchers, 9 boulangers, 2 bourreliers, 6 cafetiers, 3 charpentiers, 2 charrons, 1 chaudronnier, 3 chiffonniers, 1 marchand de cochons, 3 coiffeurs, 2 cordiers, 8 cordonniers, 3 couteliers, 26 épiciers, 3 ferblantiers, 1 ferronnier, 1 galochier, 1 grainetier, 3 maréchaux-ferrants, 2 médecins, 4 menuisiers, 15 merciers, 4 meuniers, 1 patachier (pilote de petit navire), 3 pharmaciens, 2 quincaillers, 7 sabotiers, 1 taillandier (fabricant d'outils tranchants), 3 tailleurs, 1 tonnelier, 1 vétérinaire, 5 voituriers & 2 loueurs de voitures.

Les Halles & la Mairie : les halles actuelles datent de 1861-62 et se situent à l'emplacement de l'ancien marché couvert de type "halle-parapluie" du début du XV° siècle, rasé en 1859. Le projet de substitution comprend, outre un marché couvert, un beffroi ainsi que l'édification de l'Hôtel de Ville, construit en 1863 sur les plans de l'architecte nantais Joseph-Fleury (Jean-François ?) Chenantais (1809-1868) ; cet ensemble de type Napoléon III est caractéristique de l'époque haussmannienne ; de 1924 à 1971 s'y tient la Foire aux vins d'Ancenis.

Si la population d'Ancenis est de 7 510 habitants au dernier recensement de 2015, sa démographie a fluctué de 3 295 habitants en 1793 à 2 923 en 1800, 3 689 en 1851, 5 361 en 1881, 5 199 en 1901, 4 222 en 1921, 4 815 en 1946, 5 102 en 1962, 6 896 en 1990 & 7 459 en 2007.

L'Église Saint-Pierre : les fondations, la nef et l'abside, remontent au XI° siècle, le transept au XVI° siècle, les bas-côtés au XVII°, son clocher ayant été abattu en 1488 ; de style gothique, elle est connue pour sa tour-clocher et sa sacristie voûtée du XIV° siècle. Elle sert de "temple de la raison" en 1793 et d'écurie en 1764.

Pour suivre la visite, consulter également le plan en cliquant sur :

Visite de l'Église Saint-Pierre

Au cours de sa restauration au XIX° siècle, un morceau de fresque du XV° siècle a pu être conservé sur l'un des murs du chevet. La statue en calcaire de Saint-Pierre date du XIV° siècle ; le tombeau du maître-autel de 1707, en marbre noir, est flanqué de deux petits autels de marbre polychrome provenant de la Chapelle Saint-Joseph du couvent des Ursulines de La Davrays ; le retable, en calcaire polychrome et en marbre, situé dans le collatéral sud, date des XVII°-XVIII° siècles, le maître-autel du chœur, des années 1700. Les fonts baptismaux de 1761 sont classés aux Monuments Historiques ; le Christ en bois et les bas-reliefs des panneaux de la tribune de la chaire, œuvres du menuisier Moisset et du sculpteur Henri Hamilton Barrême, dont les bas-reliefs représentent les 4 évangélistes, Marc, Luc, Mathieu & Jean, sont de 1816 ; le chemin de croix en terre cuite, de 1944, est l’œuvre de Pierre Dautel, et le vitrail du chœur de 1933, du maître-verrier Gabriel Lardeur.

Comme le rapporte Émilien Maillard, ancien maire & historien de la ville, l'orgue ancien d'Ancenis est construit en 1881 par le facteur nantais Jean-Baptiste Lelogeais, grâce à une souscription qui en couvre presque son coût de 5 500 F. En 1881, il est restauré par un autre facteir nantais, Louis Debierre ; en 1981, son état le rendant inutilisable, un instrument neuf est construit par Dominique Oberthur de Saintes, qui en conserve cependant le buffet ainsi que quelques tuyaux en bois, d'où son actuel état exceptionnel.

La tour-clocher, à observer depuis la place Saint-Pierre, couvre l'entrée principale ; sur la base gallo-romaine, un narthex trapu, buté de contreforts du XVI° siècle, est surmonté d'un campanile avec un "donjon d'horloge" tous deux du XIV° siècle.

La Chapelle Saint-Barnabé, aujourd'hui Notre-Dame de la Délivrance, date de 1944 ; elle est l’œuvre du sculpteur Jean Mazuet, de Saint-Brieuc (1905-1948), comme son fronton et son autel de plein-air. Le vitrail du chevet est d'Henri Uzureau (1872-1939), maître-verrier de Nantes. Le bas-relief représente Jésus crucifié, dont les mains sont soutenues par 2 anges de compassion, entouré des 2 larrons avec Marie et l'apôtre Pierre au pied de la croix ; au niveau inférieur, est sculptée une série de personnages : le curé, le moine, le paysan, l'employé, le maçon, le père de famille et son fils, la mère et son enfant, le forgeron, le vigneron, l'étudiant, le pêcheur et la religieuse. C'est en cet endroit qu'un sarcophage mérovingien a été découvert en 1943, ce qui atteste d'une présence chrétienne aux VII & VIII° siècles.

La Barrière Saint-Pierre : le quartier Saint-Pierre & Saint-Paul, dans la basse ville, autrefois animé par les corporations de mariniers et de pêcheurs, dont la Rue des Pêcheurs, anciennement Rue des Grenouilles, pavée en 1872, reste le témoin de cette activité typique de la Loire et des marécages qui cernaient en grande partie la ville haute. Au 19 de la Rue Saint-Clément, l'ancien Hôtel de la Marine est évoqué par Gustave Flaubert dans son ouvrage de 1885 "Par les champs et les grèves" ; au n° 12, l'échauguette est un élément architectural caractéristique de l'habitat ancien d'Ancenis. "Le Petit Passage Pommeraye" ou "Cour des Miracles", venelle privée sise entre les 77 & 83 de la rue Saint-Paul, mène au pittoresque quartier des prostituées du temps du 64° R.I.

La Rue Barrême, du nom du sculpteur Henri-Hamilton Barrême (1795-1866) né aux Îles Bermudes d'un père français et d'une mère américaine, anciennement Rue d'Enfer, emprunte l'enceinte nord et les vieilles douves de la ville close, Ancenis étant au Moyen-Âge une ville fortifiée ramassée derrières ses remparts ; en bas de la rue, remarquer le magnifique Hôtel Mitry, d'époque Napoléon III, du nom de son propriétaire, Maître Ferdinand Mitry (1863-1915), 1° président de l'unité locale de la Croix-Rouge, créée pour l'aide aux victimes de la Première Guerre mondiale, qui a abrité la médiathèque jusqu'en 1994 puis des services administratifs avant d'être acquis par des particuliers.

La Rue du Roi Albert 1°, ancienne Rue des Prêtres, où au n° 140, est fondé en 1543 le "Premier Collège" par Messyre Jean Davy, curé de la paroisse.

La Grande Rue, était autrefois l'artère principale et vitale de la ville, ancien chemin de Nantes à Paris (R.N. 23) jusque dans les années 1960 ; successivement Grande Rue, Route impériale, Rue du Président Wilson après 1919, et enfin Rue Aristide Briand après 1923, elle fut un tronçon de la RN23 jusqu'en 1968 ce dont témoigne la borne kilométrique au n° 107 ; à remarquer également la façade du Café de la Paix, en tôle de couleur bordeaux, caractéristique de la Belle-Époque, les balcons de ferronnerie d'art, notamment au n° 59, balcons géminés en fonte, historiés d'après une scène de chasse (chiens, rapaces, écureuils) ; c'est en cette rue que le 16 décembre 1793 un grand nombre de Vendéens, de retour de la Virée de Galerne, bloqués par la Loire, furent sabrés par les hussards de Westermann.

La Place d'Iéna, autrefois Place du Marché-du-Dimanche, où s'est tenu, au cours des XVI° & XVII° siècles, un marché couvert à la viande "La Boucherie", sorte d'échoppe collective ; jusque vers 1788, les 2 marchés de la ville - celui du dimanche et celui du jeudi - s'y sont tenus. Autrefois s'y élevait la fontaine du "Puy de la Magdelaine". En 1897 elle fut baptisée Place d'Iéna en souvenir du rôle glorieux tenu par le 64° R.I., régiment ancienien de 1875 à 1924, à la bataille d'Iéna en 1806 ; d'ailleurs, au n° 34 se trouvait le Cercle des Officiers de ce Régiment ainsi que la Résidence de son colonel, maison avec tourelle en encorbellement portant un cadran solaire ; au n° 48, observer une maison caractéristique du vieil Ancenis avec, au fronton de sa lucarne mansardée, une potence et sa poulie ; à côté, au n° 1, cette belle maison restaurée cache son origine médiévale ; observer aussi au n° 16 la maison à façade cannelée portant la date de 1670.

Le Puits-Ferré, dont la ferrure importante est vendue sous la 1° République, se situe en bas de la Rue du 64° R.I. ex-Rue Nationale, autrefois Rue de la Petite Boucherie puis Rue du Coq d'Inde, à l'angle de la Rue du Château, la plus ancienne de la ville, rue médiévale défigurée par les travaux d'urbanisme des années 1950. Le 8 novembre 1925, près du Puits-Ferré, fut érigée la statue de l'écrivain et homme de lettres Léon Séché, statue transférée vers 1960 dans un square bordant le boulevard qui lui est dédié, près de la Gare.

La Rue de Charost, qui relie les halles au champ de foire, est percée en 1787 sous l'égide du baron d'Ancenis, Armand-Joseph de Béthune, duc de Charost, descendant de l'illustre Sully, rue dont le directoire du district déplorait, le 21 février 1795, "qu'elle ne soit pas encore pavée, ce qui la rendait impraticable aux voitures" ; à l'angle de la Rue Émilien Maillard, autrefois Rue Saint-Jacques, au n° 123, le grand immeuble de "La Belle Marinière" caractéristique de l'exubérance de la Belle Époque, élevé en 1912 ; la façade est ornée d'un médaillon avec un monogramme, entrelacs des lettres C & S, initiales du nom de son propriétaire, tailleur, Charles Simoneau, à partir de 1930 ; le clocheton surmonté d'une girouette personnalisée d'un H, du nom de son nouveau propriétaire, Henri Huchon, menuisier, qui en fait dont à la ville d'Ancenis, laquelle lui dédie une rue reliant le boulevard Joseph Vincent à la Place de la République. Au n° 60 était le Tribunal d'instance.

Le Champ du Moulin, devenu Place des Victoires au XVIII° siècle, puis Place de la République, est l'ancien champ de foire, d'une superficie d'un hectare intra-muros, bordé il y a encore pas si longtemps de la sous-préfecture, de 17 commerces de bouche, d'une prison détruite en 1930 mais dont subsiste un pan de mur, et d'un château d'eau (1884-1960) se substituant aux 4 puits publics des rues des Mirelles, Sainte-Jaques, places des Victoires et du Puits-Ferré ; la foire aux porcs, l'une des plus importantes de France, s'y tient jusque dans les années 1970, et la foire aux bestiaux jusque dans les années 1960 ; à partir de 1976, la foire de la Saint-André, jour férié pour les salariés agricoles et le personnel des entreprises, estcouplée à la foire aux vins.

Tout près, dans la Rue Saint-Fiacre, ancienne Rue du Garou, les abattoirs municipaux construits en 1876 sont transformés à la fin du XX° siècle en un espace d'accueil et de réunions au profit des nombreuses associations animant la ville ; en face, à l'endroit où est érigé l'actuel cinéma Éden, était l'un des 8 moulins à vent de la commune, le moulin du Champ, mentionné dès 1422, longtemps l'unique moulin du baron d'Ancenis, abattu au cours du siège de la ville de 1488, reconstruit 20 ans plus tard, que le duc de Charost fait fermer et vendre en 1784, et qui est abattu peu après.

La Rue du Collège, anciennement Pavé des Cordeliers : Jeanne d'Harcourt, baronne d'Ancenis, fonde extra-muros en 1448 le Couvent des Cordeliers, avec son église Saint-François, véritable nécropole ; en 1591, une vingtaine de Frères mineurs ou franciscains, ordres mendiants, dirigés alors par le Père Benoist, refusant les dons de terre et d'argent pour ne vivre que d'aumônes, s'y consacrent à l'éducation des laïcs ; il disparaît peu après la Révolution ; à cet endroit s'élève maintenant un immeuble après le déplacement de l'école Camus ; en face, se situe la Rue des Cordeliers. Tout près, au n° 180 de la Rue de Collège, subsiste la maison abritant la classe de Marie Vincent (1919-1970), enseignante à l'école publique de garçons de 1953 à 1965 devenue l'école Camus.

Les Hôpitaux d'Ancenis : le 15 mai 1297, le baron Geoffroy, seigneur d'Ancenis, voulant faire participer les pauvres à ses dernières dispositions, crée par testament l'Aumônerie d'Ancenis. Si l'histoire reste muette sur les 200 ans suivant la création de cet Hôtel-Dieu, ou Maison-Dieu, on sait qu'en 1624 sont construites une Maison de l'Hôpital, à laquelle 12 chambres sont ajoutées en 1624, et une chapelle, un chirurgien étant gagé régulièrement à partir de 1640. Au XVI° siècle, à la suite de plusieurs édits royaux, dont celui de François I° de 1543, l'administration des hôpitaux passe du clergé à la bourgeoisie, sécularisation à l'origine de longues querelles nécessitant maints arbitrages et mesures autoritaires. En 1680, faisant suite à l'Édit du Roi Louis XIV de juin 1662, l'Hôtel-Dieu d'Ancenis est transformé en Hôpital Général avec une nouvelle administration confrontée rapidement à une forte augmentation du nombre de subsistants ; une communauté des "Demoiselles" est alors fondée, femmes charitables de la ville s'associant pour vivre en communauté et soigner gratuitement les pauvres, apportant dot et biens personnels. Cette communauté achète le terrain de l'actuel Lycée Saint-Joseph et y bâtit sa maison, qui existe encore intégrée dans le corps du bâtiment principal de l'établissement qui fut acheté en 1780 par le duc de Charost pour y installer le Collège fondé en 1543 dans l'actuelle rue Albert I° En 1790, l'Hôpital est déclaré propriété de la commune, renommé le 9 mars 1794, "Hôpital des Sans-Culottes". En raison de l'afflux au cours des mois de mai & juin 1793 de malades et blessés militaires, 5 chirurgiens militaires y sont affectés pour organiser un service de santé, un Hôpital Militaire étant alors créé dans les locaux du collège voisin, à côté de l'Hospice Civil. Le 9 mai 1808, 3 religieuses de la Congrégation des Ursulines de Jésus, fondée à Chavagne-en-Paillers en Vendée le 2 juillet 1802 par le Père Baudouin, sont appelées pour renforcer les effectifs de l'Hospice ; la première supérieure est Julie Bréchard "Mère Marie des Anges", originaire de Fontenay-le-Comte. Grâce à leur dévouement, leur savoir-faire, leur désintéressement, l'Hôpital connaît enfin un certaine prospérité ; en 1814, leur effectif est porté à 6 religieuses, une religieuses faisant également la classe aux enfants pauvres de la paroisse dans un local de l'Hôpital, jusqu'à l'installation en 1851 du Pensionnat du Château tenu par des religieuses de Chavagne-en-Paillers, et la création en 1860 de bâtiments d'école primaire par la commune d'Ancenis. Pour faire face aux graves épidémies de choléra en 1834, 1848 et 1893, de variole en 1870, de fièvre typhoïde en 1886, 1889, 1901, 1902 & 1910, leur effectif augmente pour atteindre 12 religieuses en 1906. Le vieil hospice subit des transformations vers 1840 puis, en 1884, un pavillon militaire est construit, sur les plans de l'architecte Chenantais, Ancenis étant devenu ville de garnison avec l'installation dans la caserne Rohan du 65° R.I. en 1875, remplacé par le 64° R.I. le 3 décembre 1881. L'Hospice civil, trop vétuste, doit aussi être reconstruit mais ce projet est abandonné avec l'annonce du legs de Francis Robert à l'Hôpital d'Ancenis pour les pauvres et les malades ; et c'est au début du mois de mars 1911 qu'a lieu le transfert de l'ancien hôpital dans les nouveaux locaux de l'actuel Boulevard Pasteur. Toutefois, au début de la Seconde Guerre Mondiale, un hôpital complémentaire est installé au Collège Saint-Joseph. Le 29 décembre 1982, 174 ans après leur arrivée à Ancenis, les sœurs de Chavagne-en-Paillers quittent l'hôpital Francis Robert.

Le Collège Saint-Joseph : le premier collège de la rue du Roi Albert I° fondé le 19 janvier 1543 par Messire Jean Davy, curé de la paroisse, qui fait don de la maison dans laquelle il réside pour loger le chapelain, ou régent, qui tient les écoles, est déplacé à partir de 1782 dans la maison des hospitalières ; fermé durant la Révolution, l'établissement est rouvert par un décret impérial du 11 mai 1807 ; la chapelle Saint-Joseph de 1787 est démolie en 1892 et une nouvelle chapelle s'y substitue.

La Chapelle Notre-Dame-des-Anges, ancienne chapelle de la Maison de l'Hôpital, édifiée en 1546 par Suzanne de Bourbon, baronne d'Ancenis, renfermant les reliques de saint Marcellin {légat impérial de l'empereur romain Honorius, ami de saint Augustin, qui présidant la conférence de Carthage de 410, refusant la réintégration dans l'Église et le Sacerdoce de ceux qui avaient abjuré leur Foi au moment des persécutions, mettant fin au conflit des catholiques et des Donatistes (de Donat, leur meneur) dans les provinces d'Afrique}, est consacrée le 31 mai 1551 par Mgr Gille de Gandz, évêque de Nantes.

Le Lycée Saint-Thomas d’Aquin : une partie de ses locaux est construite en 1883-84 suivant les plans de l’architecte nantais Eugène Chenantais, l'architecte de la mairie, pour agrandir le vieil hospice civil du XVII° siècle, en vue d'abriter le pavillon militaire (hôpital militaire) du 64° RI, le vénérable Hôtel-Dieu de 1297 étant trop vétuste et devenu inadapté pour une place de garnison. Après le transfert de l’hôpital dans les locaux de l’actuel Hôpital Francis Robert en avril 1911, route de Paris, actuel boulevard Pasteur, il est transformé en établissement scolaire en 1912, pour y recevoir le lycée Joubert en 1958, puis le lycée Saint-Thomas d’Aquin en septembre 1987.



15/02/2017